Article: Jeanne de Bourgogne : une reine sous-estimée et son lien avec la soie française
Jeanne de Bourgogne : une reine sous-estimée et son lien avec la soie française
Si l’histoire a retenu le nom de Jeanne de Bourgogne, c’est souvent sous un jour peu flatteur. Reine de France par son mariage avec Philippe VI de Valois, elle traîne une réputation de femme boiteuse, maladive et, selon certains chroniqueurs, détestée par son entourage. Mais était-elle vraiment aussi détestable qu’on l’a dit ?
Une reine influente malgré tout
Mariée à Philippe VI avant son accession au trône, Jeanne de Bourgogne a joué un rôle actif dans la cour et la politique du royaume. Contrairement à l’image d’une reine effacée, elle s’est impliquée dans des affaires économiques et artistiques, favorisant notamment les échanges et le commerce dans le sud de la France. En tant que reine, elle n’a pas seulement été un symbole de l’union entre la Bourgogne et la France, mais elle a aussi participé activement à la gestion de l’État.
Elle a travaillé à établir des alliances politiques et a soutenu plusieurs initiatives culturelles, notamment dans les domaines du mécénat artistique. Bien qu'elle soit souvent perçue comme une figure relativement passive, il est intéressant de noter que sa présence à la cour a coïncidé avec un âge d'or du commerce et de la culture en France.
Un mariage et des difficultés personnelles
Le mariage entre Jeanne et Philippe VI a été un choix stratégique, visant à renforcer la position de la dynastie des Valois. Cependant, ce mariage n’a pas été exempt de difficultés personnelles. Jeanne a souffert de diverses maladies au cours de sa vie, ce qui a affecté son image à la cour. De plus, sa fragilité physique contrastait avec la vigueur de son mari, ce qui a donné naissance à de nombreuses rumeurs à son sujet.
De plus, bien qu’elle ait été une reine respectée, l’histoire a parfois ignoré les difficultés auxquelles elle faisait face. En effet, malgré les défis personnels et les tensions politiques de son époque, elle a réussi à maintenir une certaine influence et à préserver son rôle royal pendant plusieurs années.
L'impact économique de la soie en France
Un aspect plus méconnu mais fascinant de Jeanne de Bourgogne concerne son lien avec le développement de la soierie en France. En 1345, le sénéchal de Beaucaire et Nîmes lui envoie 12 livres de soie de Provence, achetées à Montpellier au prix de 76 sols tournois la livre. Cet achat constitue l’un des premiers témoignages historiques d’une production de soie sur le territoire français.
La soie, à cette époque, n’était pas seulement un produit de luxe mais aussi un moteur économique majeur. La demande pour la soie était croissante, en particulier dans les grandes cours européennes, où elle était utilisée pour les vêtements royaux et les décorations de la cour. Cette transaction en soie montre non seulement que la France était en train de devenir un acteur dans la production de ce tissu précieux, mais aussi que les régions comme la Provence avaient une place clé dans le commerce européen de la soie.
Cet événement ne fut pas un cas isolé. À la même époque, le pape Clément V, après avoir transféré le Saint-Siège à Avignon, encouragea la culture du mûrier dans le Comtat Venaissin, essentiel à l’élevage des vers à soie. La culture du mûrier a été un facteur déterminant dans l’émergence de l’industrie de la soie en France, et le pape a vu dans cette culture une source de prospérité pour la région. La production de soie en France allait progressivement rivaliser avec celle de l’Italie, notamment dans la région lyonnaise, qui deviendra plus tard un centre de renommée mondiale pour la soierie.
L’héritage de Jeanne de Bourgogne et l’essor de la soierie en France
Bien que l’histoire ait souvent réduit Jeanne de Bourgogne à une figure oubliée ou mal-aimée, son règne s’inscrit dans un contexte plus large d’essor économique et artisanal. Son rôle, même indirect, dans l’histoire de la soie en France mérite d’être rappelé et valorisé. En 1345, l'envoi de ces 12 livres de soie ne représente pas seulement un échange commercial, mais un témoignage de l'émergence de la France en tant que producteur de soie, un domaine qui deviendra vital pour l'économie du pays aux siècles suivants.
Au-delà des aspects négatifs de son image, Jeanne de Bourgogne a participé à l’épanouissement d’une industrie qui allait jouer un rôle fondamental dans l’histoire économique et culturelle de la France. Son époque a marqué un tournant pour l’industrie textile française, avec la soie comme l’un des produits phares, et cette époque d’innovation a été en grande partie façonnée par les actions menées sous son règne.
Conclusion
Le règne de Jeanne de Bourgogne peut être vu sous un jour nouveau si l’on se concentre sur ses apports à la culture, au commerce et à l’économie de son époque. Loin d’être une figure effacée, elle a joué un rôle clé dans des événements historiques qui ont permis à la France de se forger une place de choix dans l’industrie de la soie. Son héritage mérite d’être redécouvert, car il dépasse largement la figure d’une reine simplement mariée à un roi. Grâce à son implication dans les échanges économiques, notamment dans le domaine de la soie, Jeanne de Bourgogne se révèle être une reine d’une grande importance pour l’histoire de France.
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